Jour de brume
Le brouillard, il fait rien qu’à tout mettre dans son sac de coton. (Maurice Carême, ou presque)
Aujourd’hui, c’est jour de brume. D’ordinaire, j’aime bien la brume, à condition que je n’aie pas besoin de la fendre pour aller du point A qui m’appartient à mon point B préféré que je ne rejoindrai peut-être jamais, ou bien que je dépasserai sans m’en rendre compte. La brume, mieux vaut la contempler sans bouger, admirer sans risquer un pas son art consommé de la dissolution, sa très imaginative réinvention du paysage.
Mais la brume qui, ce matin, enveloppe mon point A, n’a vraiment rien d’aimable. Elle semble ne dissoudre qu’à contre-cœur, comme si elle n’avait pas envie d’être ici, comme si elle cherchait désespérément son point B. Je ne la trouve guère photogénique, encore moins cinégénique (c’est une brume sans quai ni gorilles). Tant pis, je vais me recoucher. Elle finira bien par se dissoudre elle-même, par lassitude ou par dépit.
27 décembre 2022
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