Terminus
Sur le quai de la petite gare, un vieux banc à la peinture écaillée porte le poids d’un homme fatigué qui tient sa tête entre ses mains. Devant lui, quelques bagages sagement alignés. À côté, posé sur le banc, un chapeau défraîchi. L’homme ne prononce pas un mot, mais il pense si fort que tout le monde pourrait l’entendre, s’il n’était pas seul sur ce quai.
Je reviens de partout, par conséquent je n’ai plus nulle part où aller. Que vais-je bien pouvoir faire de ma vie ?
S’il n’était pas seul sur ce quai, les personnes qui l’entendraient l’imagineraient sûrement prêt à se jeter sous les roues du prochain train, mais elles n’auraient rien à faire pour l’en dissuader : il n’y aura pas de prochain train. Cette scène n’est pas censée représenter la fin d’un voyage, mais la fin de tous les voyages.
Ce n’est pas ainsi que l’histoire devrait s’achever…
« Ce n’est pas ainsi que l’histoire s’achève », répond en écho le chapeau de l’homme posé sur le banc. « En tout cas pas la mienne », ajoute-t-il avant de s’envoler.
22 décembre 2024
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▶️ 101. Le cent unième voyageur
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↩️ SANS VOYAGEUR / CENT VOYAGEURS
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