Les désaffectés
seul sur le quai d’une gare sans nom
assis par terre ou sur un banc selon l’humeur
j’égrène patiemment le chapelet des heures nues
plus rien ne passe ici
plus de convois qui ralentissent jusqu’à l’arrêt complet
et reprennent des forces avant de se remettre en branle
plus de crissements affolés du métal contre le métal
plus d’embrassades avant le grand départ
juste une gare qui se souvient juste moi qui perds la mémoire
étrange couple d’égarés
de jeunes arbres encore timides dressent leur tronc chétif
à la verticale des traverses
bois debout contre bois couché
bois vivant contre bois mort
eux au moins savent où ils restent en même temps qu’où ils vont
si le ballast les retient
ils s’en sortiront par le haut
mais moi qu’est-ce que j’attends là
les yeux secs et la tête vide
serais-je aussi désaffecté que cette pauvre gare
en vérité je ne sais pas mais c’est sans importance
ma seule certitude est que rien ne m’attend
alors j’égrène patiemment le chapelet des heures nues
assis par terre ou sur un banc selon l’humeur
seul sur le quai d’une gare sans nom
19 juillet 2021
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◀️ 22. Au bout du chemin d’encre
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↩️ SANS VOYAGEUR / CENT VOYAGEURS
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